L'organisation et le fonctionnement du Petit Séminaire

L’organisation qui fut mise en place en 1911 à CONFLANS  était a priori tout inspirée de celles des deux anciens petits séminaires de Paris (Saint Nicolas du CHARDONNET et Notre Dame des Champs).

 

Un pensionnat

Les élèves, dont le nombre varia bien entendu au cours du temps (entre 300 et 350 (en lettres) jusqu'à la seconde guerre mondiale et entre 250 et 300 jusqu'à la fermeture), étaient tous pensionnaires, sauf les toute dernières années. Ceci s'explique de diverses manières ; à l'époque les moyens de transport n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui et dans un contexte de forte ruralité les élèves pouvaient venir d'assez loin. Les sorties étaient alors tout au mieux mensuelles . De fait, à l'époque, même si tous les élèves n'avaient pas forcément vocation à devenir prêtre, il ne fait pas de doute que l'institution, tout en mettant un point d'honneur à favoriser le libre « discernement » des élèves dans un contexte très favorable, trouvait probablement, là aussi, un bon moyen de garder la main sur les bons chemins à suivre et ceux qu'il convenait d'éviter ! Et chaque année, un très grand nombre d'élèves de la classe de terminale se retrouvait, de fait, l'année suivante au grand séminaire.

Néanmoins le rythme des sorties (à condition de ne pas être collé !) évolua avec le temps pour passer à tous les dix jours (un dimanche sur trois et un jeudi sur trois) au milieu des années cinquante puis elles devinrent hebdomadaires à la rentrée de 1959. Et dans le courant des années 60 on avait droit à une sortie le dimanche (après la messe) et le mercredi pour exercer une activité en paroisse (patronages par exemple)  ou participer à des  compétitions sportives. Et si à l'origine de ces nouvelles dispositions on était tenu de rentrer le soir, par la suite un retour le lendemain matin fut autorisé.

En pratique la scolarité commençait en sixième ; mais à certaines époques il y  eut création d'une classe de septième voire même de huitième. De manière générale, avant la seconde guerre mondiale on entrait seulement vers 13 ou 14 ans en sixième à CONFLANS.
 Et très souvent on se heurtait à une méconnaissance totale des nouveaux entrants en matière de latin et grec ; or cette maîtrise était un impératif dans le contexte de l’Église d'alors. Il était donc mis en place des sections dites « spéciales » permettant aux élèves concernés de faire cet apprentissage en sus de la scolarité normale ce qui représentait un véritable effort.

A l'origine la quasi-totalité du corps professoral était ecclésiastique et on avait donc plus d'une trentaine de prêtres affectés à l'équipe sacerdotale de CONFLANS (les dernières années ils n'étaient guère plus de dix). Cet encadrement était complété par une communauté de religieuses (les sœurs de saint Charles d’Angers), qui avait notamment en charge la sacristie de toutes les chapelles, l'infirmerie et la lingerie, et par un certain nombre d’hommes et de femmes employés pour l’accueil, les cuisines et divers travaux d'entretien des jardins ou des locaux.

Au final l 'encadrement était donc constitué du supérieur, d'un économe, d'un directeur (après 1965), d'un préfet général (plus spécifiquement en charge de la discipline), d'un préfet des études, des préfets de division, d'un préfet des sports, d'un maître de Chapelle (la chorale qu'on nommait la schola) ; à cela s 'ajoutaient diverses responsabilités concernant la bibliothèque (20000 volumes dont des petits trésors historiques), la liturgie, les sermons hebdomadaires, etc., tous postes à l'origine tenus par des prêtres, la plupart également en charge d'une classe et/ou de l'enseignement d'une matière. L'attribution de la plupart de ces responsabilités pouvait varier d'une année sur l'autre.

 

Les classes et les divisions

Selon les inscriptions on avait de une à trois classes par niveau et en général une seule classe de terminale (philosophie).

Les classes étaient regroupées en divisions par tranches d'âges. On avait ainsi une quatrième division pour les petites classes jusqu’à la sixième et une troisième division pour les classes de cinquième et de quatrième: pour l'anecdote ces deux divisions étaient logées dans les locaux d'origine de l'actuelle école Notre-Dame des Missions ! Ensuite, une deuxième division regroupait les classes de troisième et de seconde (appelée aussi les humanités), tandis qu’une première division regroupait les classes de première (ou rhétorique) et de terminale (ou philosophie).

Mais, à certaines époques il a pu arriver que le supérieur décide de faire bouger les frontières ; par exemple, dans les années soixante on n'avait plus de quatrième division, la troisième division comprenait les classes de sixième et de cinquième, la seconde division regroupant alors les classes de quatrième et de troisième (puis plus tard celle de seconde) et la première division les classes de seconde, première et philosophie ; il a parfois pu arriver que la classe de philosophie soit séparée de la première division. 

Chacune de ces divisions était confiée à un préfet. C'est ce préfet de division qui prenait en charge les élèves en dehors des plages de cours et d'étude, c'est à dire de la descente des dortoirs, le matin, jusqu'à la rentrée en classe, puis pour les repas et les récréations et de la fin des classes jusqu'à la montée, le soir, dans les dortoirs.

 

La journée-type

La journée type se déroulait à peu de choses près selon le planning suivant :

        - lever vers 6h30 (à 6h50 ou 7h10 pour la quatrième division), toilette succincte et descente en rangs à la chapelle de division, messe (ou seulement un temps de méditation, en alternance un jour sur deux avec la messe, en quatrième division) ;

        - petit déjeuner au réfectoire de division, suivi d’une dizaine de minutes de gymnastique dans les cours de récréation, animées par des aînés de première division, généralement titulaires d’un brevet sportif ;

        - une demi-heure d’étude pour apprendre les leçons, puis les classes commençaient vers 8h45-9h jusqu’au repas de midi, soit trois heures  de cours le matin, entrecoupées d'une petite récréation ;

    • déjeuner au réfectoire, d’abord en silence et en écoutant une lecture (effectuée par un élève, obligatoirement sur un ton recto tono, sans intonation!)  puis avec la permission de parler ;

        - grande récréation de trois quarts d’heure environ, le plus souvent avec un jeu collectif, tel que le drapeau simple ou le drapeau double, organisé et arbitré par le préfet de division

        - trois heures de cours, l'après-midi ;

        - une récréation plus courte, avec goûter ;

        - environ une heure et demie d’étude pour faire les devoirs et apprendre les leçons ;

        - dîner au réfectoire puis dernière récréation à la nuit tombée ;

        - en étude, par division, dernier rassemblement de la journée pour entendre les « avis » du préfet ;

- montée au dortoir, petite toilette, prière individuelle et coucher.

Jusqu'à la fin des années 50 cette journée-type était celle du lundi au samedi, avec aménagement pour le jeudi (et plus tard pour le mercredi) de façon à ménager aux élèves, et par division, un moment de promenade, de jeu dans le bois de Vincennes, de visite d’un musée ou d’activités caritatives telles que l’école à l’hôpital ou la visite à des personnes âgées.

Jusqu’en 1954-1955, cette journée-type ne faisait aucune place à une activité qui aurait pu s’écarter du « règlement ordinaire », par exemple une lecture personnelle ou un petit travail manuel. Mais, après cette date, la journée-type comprenait au moins une demi-heure de « temps libre », pouvant être utilisée à cet effet.

Quant au dimanche, il faisait une place de choix aux offices : messe aux environs de 9h le matin et vêpres à 16h avec de longs moments en étude, mais aussi une heure de cours d’Instruction religieuse. Au soir des dimanches de sortie (après la messe du matin), les complies étaient chantées à 21h dans la grande chapelle, juste après la rentrée des élèves.

En tout état de cause, l'élargissement des plages de sortie à partir des années soixante conduisit à un allègement certain de la part des offices religieux du dimanche. On fut même autorisé vers la fin à rentrer à CONFLANS le lendemain matin des sorties, pour l'heure des classes. Les samedis étaient quant à eux souvent consacrés aux compétitions sportives.  

 

Un régime sévère

 Le « régime » était plutôt dur et à l'origine on portait l'uniforme ! A titre d'exemple, les dortoirs logés sous les toits (dortoir Saint-Léon ou dortoir Saint-Benoît Labre), étaient mal chauffés et, par les temps froids, on pouvait être obligés de casser la glace dans les lavabos ! Pour autant le contexte était très favorable en matière d'étude et d'activités diverses (animation des cérémonies, chorale, théâtre, musique, conférences et projections de films, etc.), et aussi  en matière d’activités sportives. A cet égard, CONFLANS, surtout dans ses vingt-cinq dernières années, participait activement aux compétitions organisées par l'U.G.S.E.L, tant en sports collectifs (handball ou basket) qu'individuels (athlétisme) et y obtenait parfois d'excellents résultats.

Contrairement aux apparences il régnait néanmoins dans cette institution un véritable climat de liberté, permettant tout à la fois de bénéficier d'un cadre scolaire de bon niveau, d'une attention aux élèves d'une extrême qualité, leur permettant une réflexion et un discernement véritables quant à leur éventuelle vocation. Pour cela, chaque élève avait un « père spirituel » ou « directeur de conscience » qui, normalement (et dans la mesure du possible), ne devait être ni le professeur principal de sa classe, ni le préfet de sa division.

Car il était essentiel pour l’Église de pouvoir compter sur des  serviteurs ayant assumé leurs choix en pleine connaissance de cause.

De ce fait, il n'était pas rare de voir les effectifs évoluer dans des proportions d'un tiers d'une année sur l'autre, pour des motifs de sortie les plus divers (niveau scolaire insuffisant, inadaptation disciplinaire, abandon d'une démarche vers le sacerdoce, déménagements, etc.). Et nous n'étions souvent qu'une minorité à effectuer la totalité de nos études secondaires à CONFLANS.
 

Pendant de longues années, on ne considérait comme « anciens  élèves de CONFLANS», que ceux d'entre eux ayant poursuivi leurs études jusqu’en terminale ! Comme Conflans a vécu une soixantaine d'année, on a donc eu environ deux mille anciens de ce type. Mais avec un turn-over moyen de 30% chaque année, on peut sans doute considérer que ce sont environ dix mille élèves qui ont bénéficié, pour des durées variables, des services de cette excellente institution ! Et parmi tous ces anciens, certains ont eu des carrières parfois très brillantes. Il en reste encore aujourd'hui environ 300 identifiés dont les âges varient de 65 à près de 100 ans, avec au moins un représentant  pour chaque promotion depuis la seconde guerre mondiale ! Une réunion se tient encore chaque année à Conflans (une messe, une rapide AG et un repas) réunissant plusieurs dizaines d'entre eux.

 

Le déroulement de l’année

 L'année était, bien entendu, rythmée par les nécessités de la scolarité, mais elle était aussi  très impactée par le calendrier liturgique

        1° - Le premier trimestre

        - Que la date du début de l’année scolaire fût au 1er octobre ou avancée dans le mois de septembre, les élèves rentraient toujours à Conflans une semaine ou quelques jours avant, de façon à faire, par division, une retraite, qui leur était prêchée par des prêtres extérieurs à l’institution.

        - La première grande fête de l’année était celle du Christ, roi de l’univers, instituée par S.S. le pape Pie XI en 1925. Elle n’arrivait que le dernier dimanche du mois d’octobre, - avant son renvoi, plus récent, au dernier dimanche de l’année liturgique, à la fin du mois de novembre. Elle donnait lieu à une liturgie plus solennelle que celle des dimanches précédents, renforcée par les chants polyphoniques de la schola.

        - Quelques jours après, pour la fête de la Toussaint (1er novembre), tous les élèves du petit séminaire et leurs professeurs partaient en pèlerinage à pied, depuis Conflans, pour la grand-messe pontificale de 10h à Notre-Dame de Paris, dont les chants étaient assurés par la schola de Conflans.

        - Le deuxième dimanche suivant la Toussaint était l’occasion de commé-morer la dédicace de la grande chapelle de Conflans, en cette fête universelle de la dédicace de la basilique cathédrale de saint Jean de Latran à Rome.

        - Dans la foulée, des anciens venaient, le 11 novembre, commémorer le sacrifice de leurs camarades morts pour la patrie au cours de la Grande guerre de 1914-1918 puis de la seconde guerre mondiale de 1939-1945.

        -Le 21 novembre (lorsque ce jour ne tombait pas un dimanche), en la fête de la Présentation de la Vierge Marie au temple, un évêque auxiliaire de Paris venait au petit séminaire pour recevoir le renouvellement des engagements pris par les prêtres de Conflans au moment de leur sous-diaconat et leur engagement d’être fidèles à leur évêque.

        -Le 8 décembre, en la fête de l’Immaculée conception de la Vierge Marie, c’était, traditionnellement, la visite pastorale annuelle du cardinal-archevêque de Paris, généralement accompagné de deux évêques auxiliaires. Cette visite demandait beaucoup de préparation mais elle avait aussi ses avantages : son règlement était celui du dimanche et l’archevêque avait coutume, en cette occasion, d’accorder un jour supplémentaire de congé aux vacances de Noël. En décembre 1952, on vit même Mgr FELTIN accorder deux jours de congé, au motif qu’il venait d’être nommé cardinal par S.S. le pape Pie XII !

        -Après tout cela, et pour finir le trimestre, venait enfin la fête tant attendue de Noël. Après un jeu de la Nativité, en veillée par division ou pour toute la maison sur la scène de la grande salle, la messe de minuit était toute remplie des beaux chants de la schola (« Adeste fideles », « Le petit Jésus, sauveur adorable », « Pâtres vagant dans les montagnes » et bien d’autres…).

        -Et puis, le lendemain, après les vêpres jusqu’en 1953 et après la messe du matin à partir de 1954, c’était une période de vacances bien méritée, à la quelle s’ajoutait la « journée » du cardinal-archevêque.

 

        2° - Le deuxième trimestre

        -Il commençait avec la fête de l’Épiphanie

        -Après quelques dimanches dits « ordinaires », arrivait la première grande procession de l’année, celle de la chandeleur (2 février, fête de la purification de la Vierge Marie). Partant de la chapelle de la sainte Vierge, elle se rendait à la grande chapelle par le long couloir aux baies vitrées du bâtiment principal, tous cierges allumés tenus par deux cent cinquante ou trois cents élèves et professeurs, dans les brumes du matin.

        -Puis venait, plus ou moins rapidement, le mercredi des Cendres, marquant l’entrée en Carême, soit plus d’austérité dans les célébrations dominicales et aussi dans la vie quotidienne.

        Cette période du Carême n’était pourtant pas dépourvue d’événements, au nombre desquels il faut citer :

        -la « journée des anciens » de CONFLANS, qui était fixée au 1er dimanche de mars, mais sans la présence des élèves, de sortie ce dimanche-là ; à cet égard on peut rappeler que la maison accueillit aussi l'association des anciens de Saint Nicolas du CHARDONNET pendant de nombreuses années (c'était plutôt en décembre)

                - la « journée des patros », qui était fixée un jeudi (puis un mercredi) de mars, en présence des élèves et qui avait pour but de faire connaître le petit séminaire aux jeunes venus des paroisses ;

                        - la fête de l’économe, au jour de la saint Joseph (19 mars) pour honorer et remercier celui qui veillait sur l’organisation et la bonne marche de la maison ; c'était une charge colossale qui valait à l'économe le 2° rang dans l'ordre protocolaire au sein de l'équipe sacerdotale de CONFLANS ! En outre une coutume voulait qu'en 1911, lors de la mise aux enchères de la propriété par la ville de CHARENTON, une religieuse ait lancé par dessus le mur de la propriété une statuette du saint pour obtenir son appui dans cette délicate initiative qui fut, comme on le sait, couronnée de succès ; et Joseph devint la saint patron de CONFLANS ! On peut peut-être voir comme un signe le fait que le Pape François vienne en ce 24 avril 2021 de désigner Saint Joseph comme le « gardien des vocations » !

                              - une « journée des pères », qui, un dimanche de mars, recevait, pour la messe du matin, le repas de midi et l’après-midi jusqu’aux vêpres, les pères qui acceptaient de venir ce jour-là ; (dans les dernières années, cette « journée des pères » fut doublée d’une « journée des mères », au mois d’avril ou au mois de mai selon les années).

        Souvent, l’une ou l’autre de ces fêtes était l’occasion de présenter, sur la scène de la « grande salle », une pièce de théâtre montée par les élèves au cours de l’’année.

        -Le sommet du deuxième trimestre restait cependant la Semaine sainte avec ses offices.

Jusqu’à la réforme liturgique de S.S. le pape Pie XII en 1952-1953, la messe du Jeudi-saint, l’office du Vendredi-saint et celui du Samedi-saint avaient lieu le matin et, le soir, c’était l’office des Ténèbres (matines et laudes) avec les beaux chants de la schola (motets et répons des XVIè et XVIIè siècles) et les Lamentation de Jérémie chantées dans le ton parisien. Après 1953, ce fut l’inverse : la messe du Jeudi-saint était célébrée le soir, l’office du Vendredi-saint dans l’après-midi et la Vigile pascale, après le repas du soir. En conséquence, les offices des Ténèbres avaient été reportés au matin, comme cela se fait dans les monastères.

             -Après la grand’messe de Pâques, c’était de nouveau une période de vacances, de quinze jours, celle-là, au cours de laquelle les élèves pouvaient participer à diverses manifestations, dont le « Fraternel » à Lourdes ou le pèlerinage des « Pueri cantores » à Rome, ou, plus simplement, à un temps de repos et de détente au château du Champivert, à Crouy-sur-Ourcq (en Seine-et-Marne), dont Conflans disposait par donation depuis 1946.

 

        3° - Le troisième trimestre

        -survenaient assez vite les processions des Rogations (les trois jours précédant l’Ascension) dans tout le parc du domaine de Conflans. Historiquement il s'agissait à cette occasion de prier pour favoriser la prospérité des futures moissons.

        -La fête de l’Ascension pouvait être agrémentée par la communion solennelle ou profession de foi de jeunes élèves qui ne l’avait pas encore faite

        -et le dimanche de la Pentecôte pouvait également donner lieu à des confirmations, ce qui était l’occasion, pour la troisième fois au cours d’une année, de la venue, à Conflans, d’un évêque de l’archidiocèse de Paris ou, sur la fin, de l’évêque de Créteil. Suivait ensuite la fête de la Sainte Trinité.

-Survenait alors la préparation très attendue de la Fête-Dieu (deuxième dimanche après la Pentecôte). Au moyen des sables de couleur apportés par l’économe, des élèves des quatre divisions s’employaient à représenter, sur le sol, des rosaces et motifs religieux sur tout le circuit de la procession. Celle-ci, de reposoir en reposoir, devait aller de la chapelle de la sainte Vierge au grand reposoir de la cour d’honneur puis à la grande chapelle, après avoir parcouru tout le domaine. D’autres élèves avaient aussi, pour mission, de parcourir les maisons de Charenton aux fins de récolter les fleurs, dont les pétales seraient lancées devant le Saint-Sacrement, tout au long du parcours.

        -Une dizaine de jours après la Fête-Dieu, c’était la fête de Sacré-Cœur, qui était comme la fête patronale de Conflans puisque l’établissement était aussi désigné sous le nom d’École secondaire diocésaine du Sacré-Cœur de Conflans, sans doute en souvenir de sainte  Madeleine-Sophie BARAT, qui avait passé quelques années de sa vie dans le bâtiment dit de l’archevêché à Conflans et dont la dépouille reposa longtemps dans une petite chapelle du grand parc initial.  Cette journée était ponctuée par un pèlerinage de toute l'école à Montmartre.

        -Le troisième trimestre était aussi celui de la fameuse journée du supérieur, un jeudi puis un mercredi de mai ou de juin, selon les possibilités du calendrier. Ce jour-là, tenu secret jusqu’à la semaine où il apparaissait sur le programme hebdomadaire, les élèves et le corps enseignant étaient emmenés, en autocar, jusqu’à un lieu, lui aussi, tenu secret, et qui pouvait être une abbaye, un monastère, une communauté religieuse de la région parisienne, ou, plus simplement, le château du Champivert à Crouy-sur-Ourcq, comme en 1957. La matinée était occupée par un jeu de piste organisé par les élèves de philosophie, le déjeuner était un pique-nique par division (alors que les professeurs déjeunaient sur une longue table dressée) et, au cours de l’après-midi, chaque division faisait hommage au Père supérieur (le Supin !) du spectacle qu’elle avait préparé à son attention et dont tout le monde profitait, sans oublier la traditionnelle chanson :

                        « C’est le jour de fêter dignement

                            « Notre supérieur, et joliment,

                            « Sur un air des plus charmants

                            « Lui conter simplement….

                            « Si, parfois, nous sommes étourdis,

                            « Nous sommes tout au fond bien gentils…. etc

        -Après le pèlerinage des élèves de philosophie à Chartres, dans la dernière semaine de juin, juste après des épreuves du baccalauréat, l’année scolaire se terminait par la remise des prix, autrefois à la salle Saint-Léon, dans le quinzième arrondissement de Paris, puis dans les dernières années dans la grande salle de CONFLANS. Cette cérémonie était présidée par un délégué de l’archevêque de Paris ou par un grand ancien qui s’était déjà illustré dans son domaine professionnel, tel que Gabriel Dupire ou Jean Imbert. Cette cérémonie était aussi agrémentée par les chants de la schola et la distribution des prix comportait un prix d’honneur par division, décerné par ses pairs à l’élève dont le comportement au cours de l'année leur avait paru le plus remarquable, et offert par l’association des Anciens de Conflans.

        -Après ce point d’orgue final, quelques élèves se retrouvaient dans l’une ou l’autre des colonies de vacances de Conflans, soit à Veulettes-sur-Mer en Seine-Inférieure (devenue par la suite Seine-Maritime), soit au château du Champivert à Crouy-sur-Ourcq en Seine-et-Marne, où le souci de l’apostolat rejoignait celui de la formation personnelle et communautaire.

 

        4°- Et encore quelques autres festivités plus ponctuelles

Toutes ces cérémonies on le comprend facilement faisaient l'objet d'un cahier des charges très précis ; les diverses modalités en étaient consignées méticuleusement dans ce que l'on nomme un « coutumier ».

On y retrouve aussi mentionnées d'autres événements tels que :

                -la consécration des autels de la grande chapelle et de la crypte

                -les pèlerinages à l'abbaye de LONGPONT

                -une ordination de prêtre dans la grande chapelle

                -la retraite des enfants de chœur du diocèse

                -les réunions de la diaspora (les jeunes du diocèse pensant à une éventuelle vocation)

A travers un tel calendrier on touche du doigt la multiplicité des occasions pour mobiliser les troupes et le niveau d'engagement nécessaire de la part de l'encadrement !  

 

Mise en question de la pérennité de Conflans

Quoiqu'il en soit, il devenait assez évident, dès les années soixante, que la question de la pérennité de Conflans était posée pour de multiples raisons, notamment:

        - le tassement de l’effectif des élèves et la diminution du nombre de ceux qui allaient jusqu’au sacerdoce presbytéral,

        - la pénurie croissante de prêtres,

        - la division en plusieurs diocèses de l'archevêché de Paris (ancien département de la Seine),

        - le coût des scolarités, devenu insupportable pour les diocèses ; il faut préciser qu'à l'époque les pensions payées par les familles (en fonction de leurs revenus) ne couvraient pas la moitié des budgets, certaines familles ne payant même rien du tout. De ce fait c'était l'archevêché et l'Oeuvre des vocations qui comblaient le déficit,

        - les nouvelles contraintes imposées par la création, en 1959, d’un Enseignement catholique et de ses modalités de contractualisation avec l'Education Nationale,

        - les retombées du concile Vatican II qui s’était interrogé sur l'opportunité de maintenir ou non des petits séminaires dans les diocèses,

        - la nécessaire mise aux normes des bâtiments et des installations dont les travaux de rénovation avaient trop souvent être différés.

        Certes Conflans avait évolué sur différents points :

        - ouverture de classes, dites « modernes » à l'époque, permettant   l’orientation de certains élèves vers des études  scientifiques ou différentes des études classiques (français, latin et grec),

        - aménagement d’un laboratoire de langues utilisant les dernières nouveautés technologiques,

        - ouverture du pensionnat par l’acceptation d’élèves externes, du moins pour le niveau « collège »,

        - recrutement d'enseignants laïcs (hommes et femmes), qui deviendront majoritaires au sein du corps professoral,

        - remplacement du terme «petit séminaire de Paris » par celui de « Conflans » seul, puisque, pour entrer dans cet établissement, du moins pour les plus jeunes, il n’était plus nécessaire de faire état  d’une  réflexion ou d’un discernement concernant une  éventuelle vocation.

Néanmoins une réflexion approfondie concernant l'avenir était indispen-sable, prenant notamment en compte et de manière globale une nouvelle pastorale des vocations. Une équipe composée de l'encadrement, de professeurs, de parents et d'élèves fut alors constituée pour former ce que l'on  appela un « conseil de maison ». Sous la direction du P. Jean EUVERTE, supérieur de Conflans dans ces années-là, cette équipe entreprit, en liaison avec les représentants des quatre évêques concernés des nouveaux diocèses de Paris, Créteil, Nanterre et Saint-Denis, un énorme travail de remise à plat sur ce dossier, débouchant sur des propositions tout à fait intéressantes. Pour l'essentiel on envisageait

        - la constitution d'un collège classique de plusieurs centaines d'élèves ; à cet égard des discussions très avancées avaient même été entreprises avec les Francs-Bourgeois qui étaient eux-mêmes expulsés de leurs locaux ; malheureusement elles ne purent déboucher, suite à divers malentendus ;

        - le maintien à Conflans d'un « foyer » pour ceux qui, poursuivant leurs études avec le statut d’externes, souhaitaient bénéficier d'un cadre et d'appuis leur permettant d'approfondir leur éventuelle vocation dans le cadre d'un internat ;

        - la mise à disposition des superbes installations de Conflans (dont son parc et sa grande salle de conférences et de théâtre) pour l'accueil de manifestations particulières, organisées par les évêchés des quatre diocèses précités ou par diverses associations ou groupements (retraites, congrès, etc.)

Malgré tout cela, les évêques des quatre diocèses, après avoir reconnu la qualité énorme du travail effectué depuis 1911 à Conflans, prennent la douloureuse décision, le 17 janvier 1971, de fermer la maison. On imagine l'effet cataclysmique de cette annonce pour l'équipe sacerdotale et le corps professoral, les élèves et leurs parents, et aussi pour les anciens, si attachés à cette maison.

Un foyer sera effectivement maintenu jusqu'en 1974.

La question du devenir des lieux sera difficile à régler. Des discussions avec Notre-Dame des missions démarrèrent dès 1973 mais mirent quelques temps pour aboutir. Finalement, l'école s'implantait dans les locaux autrefois occupés par la quatrième et la troisième divisions. On peut constater aujourd'hui l'énorme réussite de cette implantation.

De son côté, le ministère de la Culture reprenait le bâtiment central, l'ancien laboratoire et les garages ainsi que le bâtiment dit de l’Évêché. On a vu que le bâtiment central a, depuis lors, été remplacé par un bâtiment plus moderne et fonctionnel, tout en conservant sa façade initiale sur le Sud. Une école d'architecture occupa un temps ces locaux puis fut remplacée par l'actuelle médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine.

L'évêché de Créteil, nouveau propriétaire des lieux, conservait la grande chapelle, qui devenait un lieu de culte paroissial. A cet égard il faut signaler l'énorme travail de rénovation dont elle a pu bénéficier grâce à l'action de l'association des amis de la chapelle créée pour l'occasion, en liaison avec le ministère de la Culture et l'évêché de Créteil.

Enfin, la commune de Charenton procédait à l’acquisition de tous les terrains restant (ancienne cour de récréation de la deuxième division, terrain de sport et jardin entourant la chapelle) pour en faire le magnifique jardin public que l'on connaît aujourd’hui.

 

Texte de Jean-Michel FAHY et Patrice VAUJOUR

 

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